De cambriolage et d’amour.. Alex Piña convoque les mêmes ingrédients, à la sauce Berlin. La même formule… au cœur du chaos, un brin de tendresse. En filigrane. Mais faire un spin-off – prequel sur les fondations d’une série qui a autant tiré en longueur, parfois bidouillé les scenariis et forcé les rebondissements, c’est un véritable défi.
- Netflix : 29 décembre 2023 (Espagne)
- Durée : ~60 min / épisodes | 8 épisodes
- Genre : Drame, Thriller
- Réalisateur : Alex Piña
- Acteurs : Pedro Alonso, Michelle Jenner, Tristán Ulloa
Berlin : Le pitch :
« À l’âge d’or de Berlin, l’amour et l’argent sont les moteurs de sa vie. Son prochain casse ? Un jackpot de bijoux d’une valeur de 44 millions d’euros. »
Le Grand + :
Berlin revient avec un vent de fraîcheur, après que son fantôme a plané sur la dernière saison de La Casa de Papel. Ici, nous sommes en 2013, 4 ans avant le casse de la fabrique d’Espagne. Cette dimension est très bien prise en compte dans la série avec des références correctes. On apprendra par exemple que le professeur prépare le plus grand casse du siècle. Toujours dans cette logique, l’on aura droit à la participation des inspectrices Raquel et Alicia Sierra.
Berlin n’a rien perdu de son charisme. Pedro Alonso incarne bien le personnage, et il dégage toujours la même énergie communicative. Il crève l’écran. À la fois mesuré, mais capable des pires excès, la complexité du personnage tout comme sa naïveté est bien entretenue. Le développement des autres personnages est plutôt réussi, avec des excès bien visibles. L’entrée en scène des deux inspectrices espagnoles sera fort remarquable.
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La direction photo est très bien foutue. Coloré, stylé, clean… Paris quoi ! Là où Alex Piña assure vraiment, c’est dans l’enchevêtrement des scènes. Il arrive à leur donner un rien de poétique, qui force l’émotion. Ainsi, une scène d’amour vient s’imbriquer sur une arrestation, quand une danse endiablée ira se juxtaposer à une fusillade. Ces contrastes ont le chic de créer une vive émotion. Cette formule si chère à La Casa de Papel est reprise ici avec beaucoup de réussite.
Les dialogues plutôt bien menés avec les répliques cinglantes de Berlin. On aura même droit à des « guerres d’époques » sur la conception des relations amoureuses. Une fois l’inspectrice Alicia Sierra à Paris, de nombreuses comparaisons ressortent entre le chauvinisme français et la fierté espagnole. Plutôt plaisant. Pour ce qui est de la BO, on se régale, avec un hommage bien rendu a répertoire Français.
Le petit – :
La Casa de Papel, c’est une histoire de braquage, à laquelle viennent se greffer plusieurs autres thématiques, dont l’amour est l’une des plus présentes. Dans ce prequel, l’on peut dire sans risque de se tromper que la tendance est inversée. Berlin c’est plusieurs histoires d’amour sur fond de braquage. Car en fin de compte, ce qui devait être l’arc narratif central est à l’abandon bien loin. Sur une bande de six personnes, deux couples se forment, alors que les deux autres ont maille à partir avec leurs histoires personnelles.
Que Berlin se perde littéralement à ne plus avoir le sens des priorités n’est pas tant un drame que de voir, Damián, l’autre cerveau des opérations s’enticher d’une parfaite inconnue, au point d’abandonner sa mission. Cette approche a complètement tué l’âme de la série, pour qui avait apprécié l’univers anxiogène de La casa de Papel. On est un cran bien au dessus des escapades du professeur.
Que l’on m’excuse pour les nombreuses références à la série mère, mais sa magie réside dans le fait que l’histoire se déroule sur un fil mince comme le hasard. Les murs de la fabrique de monnaie faisaient tout le charme de la série, en maintenant une tension et une pression constantes. À paris, ce plaisir aura duré l’instant de quelques séquences, mais combien agréables à voir. La série donne la mauvaise impression de se réserver pour l’on ne sait qui. Heureusement, le dernier épisode reviendra poser les couches de l’univers la Casa de Papel avec plus ou moins de suspens.
Des incohérences, des facilités scénaristiques, des forcings gros comme un pouce, des coups du sort à peine croyables… de nombreux éléments sont à relever. Par dessus tout, ce que l’on peut reprocher à la série, c’est que l’amour prend trop de place. Cependant, peut-être que la meilleure manière de s’en délecter, c’est de se départir de toutes les appréhensions et attentes nées de La Casa de Papel. En d’autres termes, une personne qui découvre cette mini-série sans connaitre l’univers de la série mère n’aura-t-elle pas plus de chance de l’apprécier ?
Positionnement ambiguë | Bonne direction photo | Intrigue saccadée
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