Adaptation du livre éponyme de Rumaan Alam, « Le monde après nous » est un Thriller post-apocalyptique qui fait réagir. Avec ses personnages froids et son scénario mystérieux, on le trouve exceptionnel, autant qu’on peut le perçoit sans grand intérêt. Quoi qu’on en dise, ça reste un film à revoir, tant les références sont nombreuses. Critique !
- Netflix : 8 décembre 2023 (USA)
- Durée : 2 H 18
- Genre : Thriller psychologique post-apocalyptique
- Réalisateur : Sam Esmail
- Acteurs : 𝐉𝐮𝐥𝐢𝐚 𝐑𝐨𝐛𝐞𝐫𝐭𝐬, 𝐌𝐚𝐡𝐞𝐫𝐬𝐡𝐚𝐥𝐚 𝐀𝐥𝐢, 𝐄𝐭𝐡𝐚𝐧 𝐇𝐚𝐰𝐤𝐞, 𝐌𝐲𝐡𝐚’𝐥𝐚
Le Killer : Le picth :
« Amanda et Clay louent une maison dans un coin reculé du Long Island pour y passer des vacances paisibles avec leurs deux enfants. Un soir, les propriétaires, Ruth et G. H., reviennent en urgence, affirmant qu’une coupure électrique a paralysé les alentours. Sans téléphone, télévision, ni internet, les locataires plongent dans l’incertitude. Peuvent-ils vraiment faire confiance à leurs hôtes ?… »
Le Grand « + » :
Avec son casting bien foutu (Julia Roberts, Mahershala Ali, Ethan Hawke… tout de même), « Le monde après nous » démarre avec un point d’avance. Techniquement, le film est une perle. Que dire du plan panoramique sur la plage, dès l’arrivée de la famille Sandford. Les mouvements de caméra sont exécutés magistralement, et les plans-séquence sont à couper le souffle. C’est beau, c’est fluide, c’est plaisant. « Le monde après nous » interroge en s’appuyant sur des références conspirationnistes. Certains y voient même un film prémonitoire, un genre de dystopie si chère au brillant Black Mirror. J’avoue avoir un faible pour cette approche. Mais au fait, que nous transmet cette production ?
Globalement, le monde court à sa perte. Nous sommes face à la menace d’une cyber-attaque, d’une attaque chimique, d’une campagne de désinformation, un chaos général en somme. Chacun ira de son interprétation. Et toutes les pistes sont évoquées. Dans certaines productions, le téléspectateur est superpuissant. Il sait tout, et voit les personnages subir leur ignorance. Mais ici, l’approche est toute différente. C’est au fil du récit que personnages et cinéphiles tentent de démêler la vérité. La crainte va crescendo. D’abord, la menace plane sur les deux visiteurs, George H. et sa fille Ruth. Puis, cette piste est vite dissipée, car la menace est bien plus grande. Dès lors, on aborde coup coup plusieurs réalités sur fond de métaphores.
Désastre technologique :
Sans électricité et sans connexion internet, impossible de faire quoi que ce soit. Clay perdra même son chemin, car privé de GPS. En fait, dans cette société moderne, l’homme ne peut rien sans la technologie. L’une des références les plus fortes portent sur la scène au cours de laquelle la famille de Clay manque de se faire tuer par une file de voitures autonomes filant à vive allure. L’homme crée ses propres monstres, qui finiront par se retourner contre lui. Le désastre technologique présenté donne froid dans le dos.
La nature qui reprend ses droits :
Des flamants roses dans une piscine, des cerfs dans le jardin d’une propriété, un pétrolier rejeté sur la plage… dans le chaos le plus total, c’est la nature qui reprend sa place. Cette place que nous lui avons volée par notre appétit vorace. « Le monde après nous » interpelle sur la nécessité d’une prise de conscience écologique. Quand les cerfs encerclent Amanda et Ruth, elles sont reléguées à imiter des animaux de façon grotesque pour les faire fuir. L’homme dans toute son impuissance !
Lire aussi : Mon avis sur The Killer
Le racisme est omniprésent :
Lorsque les deux familles se rencontrent, les suspicions et la méfiance d’Amanda sont plus portées sur la couleur de peau des deux inconnus que sur autre chose. D’ailleurs, Ruth finira par lâcher cette phrase « c’est vrai que c’est mieux de voir le monde en noir et blanc ». D’un autre côté, la même Ruth dira à son père, « si le monde s’écroule, il vaut mieux ne pas faire confiance à n’importe qui, surtout pas à des blancs. Même maman dirait que j’ai raison ». Un personnage à la langue bien pendue auquel il faudra faire attention.
Etrangement, malgré la méfiance, chacun finira par raconter des vérités jusque là cachées. George H. à Amanda et vice-versa. De même que Clay à Ruth, et inversement. Un paradoxe qui interpelle si bien que des pistes de relation extra-conjugales seront tâtées. George et Amanda finissent l’une dans les bras de l’autre, Et Ruth aborde des sujets plutôt coquins avec Clay, en lui faisant des compliments. Autre élément qu’il est important de signifier, la séquence avec la femme hispanique pourrait faire référence à l’immigration. Ces personnes dans le besoin auxquelles l’Amérique préfère tourner le dos. Une piste à explorer.
La dépendance est une plaie
Les scènes de fins sont les plus bavardes en indices. Alors que l’on découvre que cette machination pourrait être un plan global pour déstabiliser le pays de l’intérieur, Rose découvre le bunker des voisins, sûr et parfaitement équipé pour résister à toute menace extérieure. Et contre toute attente, plutôt que de porter cette trouvaille à sa famille, elle préfère savourer le dernier épisode de cette série à laquelle elle est accro. Le film s’arrête là. Au passage, les multiples références à Friends ne seraient-elles pas un shout-out à Julia Roberts ?
Un twist final qui divise
Une telle fin ouvre la porte à mille et une possibilités. D’autant que le trio (Clay, Archie et George) semblerait se diriger vers le bunker. De plus, Amanda et Ruth observent New-York se faire bombarder. Remarquons que Rose se trouvait au même endroit quand elle a aperçu la maison des voisins, celle qui abrite le bunker, pour la première fois. Parviendront-elles à faire le quart de tour nécessaire pour apercevoir la maison ? Le bunker peut-il s’ouvrir de l’extérieur ? Rose semble avoir engagé le protocole de protection une fois à l’intérieur. Serait-il possible d’arrêter le processus pour laisser d’autres personnes entrer ?
Le petit « – » :
Sur la longueur qu’on me réprimande une fois de plus, mais je trouve que le film tire un peu trop sur les minutes. De fait, certaines séquences viennent tuer l’atmosphère anxiogène qui commençait à s’installer. Aussi, certaines scènes semblent mal s’emboîter, comme le moment ou George découvre l’épave d’un avion sur la plage. Ce n’est pas un cas isolé. Sam Esmail a pris un gros risque en abordant ce film post-apocalyptique ou pre-apocalyptique – c’est selon – avec un tel contre-pied.
En fin de compte, le chaos ne sert que de décor, car les enjeux de ce film s’investissent plus dans les dialogues que dans l’action elle-même. Et c’est peu de le dire, il faudra prêter l’oreille. Ainsi, plusieurs pistes sont empruntées sans jamais atteindre leurs dénouements. Cette approche fait de « Le monde après nous », un film soit qu’on apprécie particulièrement, soit qu’on trouve surcoté. Difficile de rester indécis. Pour ma part, c’est un bon film.
Finesse | Intrigue graduelle | Références abondantes
Indice de Recommandation / 5 :